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« Spend, baby, spend »… Presque deux décennies après les promesses de Sarah Palin, la candidate à la vice-présidence américaine en 2008, de multiplier les forages d’hydrocarbures (« drill, baby, drill »), l’actuelle campagne des élections américaines semble lancée dans une surenchère de promesses de dépenses budgétaires.
Selon les calculs du Committee for a Responsible Federal Budget, un groupe de réflexion américain, la dette américaine est sur une trajectoire explosive, quel que soit le vainqueur du scrutin : elle passerait de 99 % du produit intérieur brut (PIB) actuellement à 133 % sous Kamala Harris et à 142 % sous Donald Trump, d’ici 2035. Tout autre pays qui ne bénéficierait pas du dollar, monnaie de réserve internationale, serait sanctionné par les marchés financiers.
En Europe, la petite musique de fond qui domine est différente. La France a annoncé une sévère consolidation budgétaire pour 2025. L’Italie a, cette année, fortement limité une généreuse aide fiscale à la rénovation énergétique des logements, pour réduire son déficit autour de 3,8 % du PIB pour 2024. Quant à l’Allemagne, pays malade du moment, elle se refuse à utiliser sa large marge de manœuvre disponible.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Comme aux Etats-Unis, l’ADN d’orthodoxie budgétaire de l’Union européenne est en train de s’effondrer. Les règles budgétaires avaient été suspendues pendant toute la pandémie, et, si elles sont revenues en vigueur, elles ont été (un peu) assouplies.
L’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, qui a remis un rapport alarmiste sur l’état économique du Vieux Continent, préconise des emprunts communs à hauteur de 150 à 200 milliards d’euros par an. L’idée est pour l’instant inaudible, car la classe politique allemande la rejette. Mais de plus en plus d’économistes, y compris outre-Rhin, tiennent un discours ouvert à cette suggestion. Après tout, Angela Merkel, chancelière fédérale d’Allemagne de 2005 à 2021, n’a-t-elle pas accepté de lancer des emprunts communs en 2020, rompant un premier barrage ?
Cette lente transformation européenne fait dire à Florent Delorme, stratégiste à la société de gestion M & G, que l’ère des Etats interventionnistes est là pour durer. « On est entré dans un univers de long terme où les politiques budgétaire et monétaire seront au rendez-vous. » Selon lui, même en Europe où les réticences sont évidentes, les gouvernements, mais aussi la BCE, seront de plus en plus à la manœuvre pour soutenir l’économie.
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